Le smartphone contiendra un compte courant et il sera possible de recevoir un salaire grâce à celui-ci. La réforme portant sur les applications de paiements est censée réduire les coûts pour les ménages et introduire de nouveaux acteurs issus de la Fintech sur le marché.
La loi portant sur la réglementation des services et applications de paiements dernièrement entrée en vigueur (le 06/06/2024), devrait constituer une étape importante dans le développement du marché des paiements en Israël.
Derrière ce nom long et peu accrocheur se cache une réforme pourtant importante, dont l’objectif principal est d’accroître la concurrence sur le marché des paiements actuellement dominé par les banques et les sociétés de cartes de crédit, ce qui permettra de réduire les coûts pour les consommateurs et de favoriser l’innovation technologique.
La nouvelle loi autorise l’entrée sur le marché des sociétés de paiement, y compris les sociétés de Fintech situées en Israël et à l’étranger, qui pourront offrir aux consommateurs et aux entreprises des services de paiement tels que la gestion d’un portefeuille numérique qui servira de compte courant et permettra de recevoir sur ce dernier son salaire, mais également de souscrire des placements ou encore d’effectuer des transferts/paiements immédiats d’un compte à l’autre et bien plus encore.
Que sont les services de paiements ?
Les services de paiements englobe trois types d’opérations que nous utilisons au jour le jour :
- Gestion d’un compte courant et de placements ;
- Paiements, que ce soit par chèque, carte de crédit ou encore virement de compte à compte ;
- Réception de fonds : compensation d’un paiement par carte de crédit ou virement bancaire.
Que prévoit la loi ?
La loi prévoit que les acteurs financiers souhaitant se lancer sur ce Marché seront tenus d’obtenir une licence de droit d’exercer de la part de l’Autorité des Marchés Financiers (à l’exception des banques et des sociétés de cartes de crédit, qui continueront à être supervisées par la Banque Centrale d’Israël), qui leur permettra de se connecter au système de paiements en Israël.
La licence créée un cadre réglementaire qui n’existait pas jusqu’à présent, ce qui permettra à des acteurs étrangers d’opérer en Israël.
Le processus d’octroi de licence comprend divers contrôles en matière de protection du public, qui est le prérequis à la confiance des consommateurs dans les entités non-bancaires.
La loi fait également référence, par exemple, aux coupons d’achat comme moyen de paiement, ce qui exigera d’entreprises telles que Buyme et Shufersal d’obtenir une licence, protégeant ainsi des fonds publics valant des milliards de shekels.
Quelles conséquences concrètes pour les consommateurs ?
Aujourd’hui, nous avons l’habitude d’utiliser la banque comme plateforme centrale de toutes nos opérations financières, ce qui accroît son monopole et lui permet d’en faire payer un prix élevé.
La loi permettra aux entreprises de concurrencer les banques sur les services qu’elles fournissent actuellement presque exclusivement, et au centre desquels se trouve la gestion des comptes courants : toute entreprise disposant d’un portefeuille numérique et recevant une licence pourra recevoir notre salaire, tandis que jusqu’à présent, la loi prévoyait qu’un salaire pouvait être reçu en espèces, sur un compte bancaire au nom du salarié ou par virement à la banque postale.
Les nouveaux acteurs pourront dorénavant nous proposer la gestion d’un compte courant à prix réduit et ainsi nous inciter à y transférer notre salaire.
De plus, les entreprises spécialisées dans les transferts de devises, à l’instar de Revolut, pourront opérer en Israël et proposer au public des conversions de devises nettement moins chères que celles actuellement facturées par les banques et les sociétés de cartes de crédit, qui représentent généralement quelques pour cent de chaque transaction.
Et l’enjeu est de taille : rien qu’en 2023, le public a payé 2.1 milliards de shekels de commissions de change aux banques et aux sociétés de cartes de crédit.
Un autre changement important concerne les moyens de paiements.
Actuellement, nous utilisons essentiellement carte de crédit, espèces et, dans une moindre mesure, chèques.
Concernant les cartes de crédit, pour chaque paiement fait, le bénéficiaire paie une commission à la compagnie.
La loi vient révolutionner le virement bancaire, qui passe d’une opération fastidieuse, que nous n’utilisons actuellement que dans des cas très précis, comme le paiement d’un loyer, en une opération simple comme le paiement par carte de crédit.
Grâce à la connexion directe aux systèmes de paiement israéliens, les entreprises pourront effectuer un transfert financier immédiat entre comptes, alors que le consommateur n’aura qu’à valider l’opération.
Cela permettra d’une part de réduire les coûts pour les entreprises, économies qui seront – espérons-le ! – répercutées sur les consommateurs, mais également d’offrir une plus grande flexibilité en matière de gestion financière.
La connexion directe aux systèmes de paiement permettra à certaines entreprises de devenir également des chambres de compensation, réduisant ainsi les coûts. Par exemple, tandis qu’en Europe, Wolt fait la directement l’intermédiaire entre le restaurant et le client, c’est-à-dire qu’elle débloque les fonds, en Israël, elle doit passer par l’intermédiaire de Solek (une société offrant le support à celles émettrices de cartes de crédit).
La connexion directe de Wolt lui permettra de régler elle-même le paiement et ainsi d’économiser des coûts actuellement répercutés sur le consommateur.
Enfin, la loi perfectionnera également le transfert des paiements via des applications de paiement et permettra de transférer les paiements par exemple de Bit vers Paybox et vice versa, de même qu’avec les nouveaux acteurs qui entreront sur le Marché.
Quels changements dans l’immédiat pour nous ?
Nous devrions commencer à voir les fruits de cette loi dans quelques mois seulement.
L’entrée en vigueur de la loi permet dorénavant aux entreprises d’entamer le processus d’obtention de la licence, processus qui devrait durer plusieurs mois.
Les entreprises qui opèrent déjà en Israël et qui sont définies comme fournissant des services de paiement doivent demander une licence avant le 6 septembre, sous peine de quoi, elles opéreront en violation de la loi.
Quand est-ce qu’un smartphone remplacera carte de crédit et compte bancaire ?
Selon le directeur de l’AMF, d’ici un an le smartphone se substituera à votre compte bancaire, permettant même de payer à l’étranger tout en réalisant des économies substantielles en matière de taux de change.
Est-ce que des acteurs étrangers vont venir sur le Marché israélien ?
La loi vise notamment à encourager les acteurs de la Fintech internationale à venir en Israël, bien qu’il s’agisse d’un marché relativement petit et d’un pays en guerre, et que des lobbies exercent des pressions pour isoler Israël.
Pour le moment, ceux qui ont déjà entamé le processus et ouvert des bureaux de représentation n’ont pas manifesté d’intention de quitter le pays.