L’inquiétude continue à se propager dans le monde et sur les marchés financiers, alors que le coronavirus infecte à présent près de 111 000 personnes dans le monde. On estime que près de 3 800 personnes sont mortes après avoir été infectées par le virus, dont la majorité en Chine.
En France, on compte à ce jour 1,191 cas confirmés et 21morts (source Bloomberg).
Les craintes de pandémie mondiale s’intensifient chaque jour et les mesures de confinement pour endiguer la maladie font craindre un très net ralentissement de la croissance mondiale.
L’Italie, premier pays touché en Europe, a mis en place un plan de 7,5 milliards d’EUR pour faire face à l’épidémie et ses conséquences.
Le pays a décrété le confinement d’environ 15 millions d’habitants du Nord.
Les Etats-Unis ont débloqué en urgence 8,3 milliards d’USD pour financer un plan de lutte contre le coronavirus qui a déjà contaminé plus de 509 personnes et fait au moins 21 morts dans le pays (source Bloomberg).
Face aux craintes grandissantes d’une récession provoquée par l’épidémie de coronavirus, la FED – Réserve Fédérale Américaine – a baissé le 3/03/2020 par surprise ses taux directeurs de 50 points de base, sans attendre sa réunion mensuelle du 18/03/2020, ce qui n’était pas arrivé depuis la crise de 2008.
Dans ce contexte de grande inquiétude, les marchés actions internationaux ont donc poursuivi leur chute la semaine dernière et l’ont accentuée ce lundi 9 mars 2020.
Le pétrole
Ce weekend, l’absence d’accord de réduction de la production de pétrole par l’OPEC + (OPEC et Russie), suite à un désaccord entre l’Arabie Saoudite et la Russie, a précipité le baril à la baisse.
Rappelons que l’impact du coronavirus devrait se traduire par une réduction de la demande de barils.
Cette crise annonce une potentielle guerre des prix du pétrole qui pourrait menacer la production de pétrole de schiste aux USA et mettre en péril des entreprises américaines du secteur si la situation devait perdurer. Cette chute du baril a ajouté à la confusion sur les marchés financiers.
Le CAC 40 a ainsi perdu 8.39 %lundi à 4,707.91points, cumulant une chute de près de 21% depuis le début de l’année.
Sur le marché américain, le S&P 500 perdait 4.68 % le 9/03/2020, soit plus de 12 % depuis le début de l’année (niveau constaté en séance).
Le VIX, indice de la volatilité du marché US, atteint son niveau le plus haut depuis 2008.
Le 9/03/2020, la chute des taux souverains s’est fortement accélérée.
Les obligations des Etats jugés les plus sûrs sont fortement recherchées.
Le rendement du taux à 10 ans américain est tombé à +0,59 %, un nouveau plancher historique.
Le rendement du Bund allemand atteint le même jour -0,85 %, enfonçant ses plus bas niveau depuis l’été dernier.
Le rendement du 10 ans français s’inscrit à -0.39 %.
Ces taux négatifs ont un impact significatif sur les perspectives de rendement des fonds en EUR en 2020.
À l’inverse, la défiance à l’égard de l’Italie (crainte de récession) se traduit par une hausse de 30 points de base des taux à 10 ans italiens à 1.37 % (niveaux constatés en séance).
De même, les obligations d’entreprises souffrent de l’inquiétude en matière de croissance mondiale.
Analyse sur la situation
L’arrêt des usines chinoises créé un choc d’offre (rupture de livraison de composants) et les restrictions de circulation pour éviter la propagation menaçent la dynamique de demande dans les pays occidentaux.
Toute la question est aujourd’hui celle de l’ampleur de la propagation du virus et de la durée de la crise (arrêt éventuel avec le retour du printemps ?, réponse médicamenteuse ?…).
Sur ce sujet la recherche académique montre que :
1) L’impact économique dépend de la gravité de la contagion (pandémie légère ou sévère) ;
2) Les effets sont forts à court terme (un an environ), mais à moyen terme, le PIB tend à être légèrement inférieur au niveau qu’il aurait atteint en l’absence de pandémie ;
3) À court terme, un virus très contagieux mais peu mortel est plus nocif à l’Économie qu’un virus très mortel mais peu contagieux, car il est capable de provoquer des chocs plus forts tant chez les consommateurs que dans les entreprises ;
4) Les dégâts économiques sont plus importants pour les pays qui dépendent davantage du commerce international ;
5) les pays émergents sont les plus touchés, non seulement parce qu’ils ont plus de difficultés à contenir la propagation du virus, mais aussi parce que les capitaux ont tendance à se déplacer vers des pays jugés plus sûrs ;
6) Pour déterminer l’impact économique, il faut analyser le choc du côté de l’offre (baisse de l’offre de main-d’œuvre, baisse de la productivité, hausse des coûts pour les entreprises, etc.) et aussi le choc du côté de la demande (réduction / modification de la consommation due à la panique).
L’épidémie de Coronavirus engendre ainsi une importante incertitude sur la croissance mondiale.
À ce jour, les estimations de croissance mondiale (initialement 3.25 % en 2020, après 3.00% en 2019) sont en train d’être réévaluées.
Jeremy ESSERYK
Conseiller en Investissements Financiers