Difficile d’orchestrer ce marché en cette fin d’année. Après un mois d’octobre pénible et éprouvant, puis un mois de novembre durant lequel les indices ont tenté de contenir leurs pertes…Décembre a, dans un premier temps, paru s’ouvrir sous de meilleurs auspices, mais a fini par céder à la morosité générale.
Le sentiment des investisseurs est actuellement tellement dégradé que n’importe quelle information, est utilisée pour justifier cette morosité, quitte à ignorer toutes les autres informations plus positives.
Les États-Unis et la Chine, qui restent le véritable « fil rouge » de ces derniers mois, ont semé un flou et donc des doutes sur la prospérité du commerce mondial.
Les marchés ont pourtant débuté le mois de décembre dans le vert, portés par la trêve commerciale négociée entre Pékin et Washington. Symboliquement la rencontre était importante, Donald Trump et XI Jinping ne s’étaient pas rencontrés depuis plus d’un an. Les deux hommes sont tombés d’accord sur la poursuite des négociations afin d’apaiser les tensions commerciales et se sont donnés un délai de 90 jours. Période au cours de laquelle les négociations se poursuivront pour signer un accord plus complet. Le temps de discuter.
Donald Trump a consenti à stopper momentanément (jusqu’au 1er mars) l’application de droits de douane de 25% sur 200 milliards de produits chinois importés aux États-Unis. Pékin a consenti de son côté à acheter aux États-Unis une quantité appréciable de produits agricoles, énergétiques et industriels.
La Bourse espérait beaucoup de la rencontre entre le président américain et Xi Jiping en marge du sommet du G20 de Buenos Aires. Pourtant l’optimisme des investisseurs s’est rapidement dissipé, après que le Wall Street Journal ait émis des doutes sur le ‘timing’ de négociations de trois mois. Pour le journal financier le délai est trop court pour un si grand défi, tant les vues des États-Unis et de la Chine semblent à des années-lumière.
Pour ne rien arranger, le Wall Street Journal a aussi laissé filtrer l’information selon laquelle c’est le représentant au Commerce, Robert Lightizer (plus hawkish à l’égard de la Chine) qui dirigera les négociations et non pas le secrétaire au Trésor Steve Mnuchin, connu pour être plus ouvert et avec qui les responsables chinois ont largement interagi ces derniers temps. Les indices boursiers se sont donc retrouvés à nouveau ballotés face à ce flux d’informations contradictoires. Un autre élément est venu également s’ajouter à la confusion : l’absence de communication officielle de la Chine pour confirmer les informations américaines. En effet, alors que Trump a multiplié les tweets à la suite de l’entrevue avec le dirigeant chinois, la Chine, elle, a très peu communiqué. Pékin n’a par exemple pas parlé de la trêve de trois mois. Le gouvernement chinois a simplement évoqué des négociations à venir permettant un retour à la « normale ».
La confusion a continué à dominer alors que la décision de Pékin d’abaisser les droits de douane sur les voitures américaines importées, n’a au départ, figuré que dans un tweet de Trump.
Tout cela a laissé penser aux investisseurs que Donald Trump s’était peut-être un peu trop avancé.
Face à cette cacophonie le rallye de soulagement déclenché par la trêve commerciale entre les États unis et la Chine a laissé la place au doute. Si Donald Trump a survendu la réalité, tout n’est pas perdu puisque Pékin envisagerait au final de réduire les droits de douane sur les importations de voitures américaines et de se donner du temps pour cet accord. En outre, peu après la rencontre avec Trump, la Chine a annoncé un ensemble de nouvelles mesures détaillées visant à renforcer la protection de la propriété intellectuelle et s’est engagée à mettre en œuvre immédiatement les engagements concernant les produits agricoles, l’automobile et l’énergie.
Les responsables chinois ont tenté d’éviter tout malentendu, en soulignant que la réunion entre les États-Unis et la Chine avait été très fructueuse.
Malgré les efforts de la Chine, cela n’a pas suffit à raviver durablement l’appétit pour le risque des investisseurs.
Ces nouveaux doutes sur le commerce mondial ont une nouvelle fois pénalisé le secteur Technologique aux États-Unis et notamment Apple, qui a pesé de tout son poids sur les indices. Les secteurs sensibles aux relations commerciales ou exposés à la Chine ont accusé également les plus fortes baisses, à l’image du luxe, de l’automobile et des semi-conducteurs.
Comme si ces doutes n’étaient pas suffisants, l’arrestation au Canada (à la demande des États Unis) de la directrice financière de Huawei, géant chinois des télécoms, a mis à mal les espoirs de trêve commerciale entre la Chine et les US. Le risque de rupture est d’autant plus grand que cette personnalité qui risque d’être extradée aux États-Unis, n’est autre que la fille du patron de Huawei. Selon la presse, elle a été arrêtée pour violations supposées des sanctions américaines contre l’Iran. Mais cela reste encore très flou.
Cette arrestation a fait trembler les marchés mondiaux, car elle risque d’être perçue en Chine comme une attaque à l’encontre d’un des patrons les plus influents du pays. Ren Zhengfei, fondateur du groupe Huawei, est l’un des barons du capitalisme chinois. Il a su transformer un distributeur d’électronique grand public en un géant des réseaux télécoms au chiffre d’affaires supérieur à celui de Boeing et dont l’activité s’étend de l’Asie à l’Europe en passant par l’Afrique. L’arrestation de la fille du patron le plus en vue en Chine risque d’envenimer les relations entre Pékin et Washington.
Dans un tel contexte, les statistiques économiques américaines, pourtant nombreuses, bonnes ou moins bonnes, ont laissé les opérateurs de marbre. Que ce soit les créations d’emplois décevantes ou l’ISM manufacturier, ressorti au-dessus des attentes.
Parmi les facteurs de soutien récent, on note pourtant le changement de ton du président de la FED qui, a décrit le niveau des taux d’intérêt comme juste en dessous du niveau neutre. Cette petite phrase anodine a rassuré sur les futures hausses des taux en 2019. Mais le répit n’a pas duré longtemps puisque là encore, les marchés en ont conclu que la position plus indulgente de la Fed posait des questions sur la pérennité d’un cycle de croissance US aussi long. Toutefois, la dynamique sur l’emploi et les salaires devrait permettre à la consommation de demeurer un soutien pour l’économie encore en 2019.
En Europe, en plus des préoccupations commerciales qui ont impacté tous les indices mondiaux, le Cac 40, a également été freiné par les conséquences des blocages et manifestations organisés par les « Gilets jaunes ». Depuis 1 mois, ce mouvement agite la France. Ces tensions sociales ont eu des répercussions sur les cours de Bourse des sociétés œuvrant dans la distribution, le tourisme, le transport ou le commerce en général.
Du côté de la BCE Mario Draghi a confirmé qu’il interromprait ses rachats de dettes publiques et privées. La BCE met ainsi fin, à la fin du mois, à son Quantitative Easing, destiné à soutenir l’économie. Le président de la Banque centrale estime que la zone euro est désormais suffisamment solide pour s’en passer. Et ce, même si les derniers indicateurs économiques suggèrent « une dynamique de croissance plus faible qu’auparavant ». La page est tournée. Toutefois la politique de la BCE restera accommodante encore un moment, puisqu’elle va maintenir ses taux proches de zéro, tant que l’inflation ne repart pas. Et l’inflation ne risque pas de repartir avec une économie européenne qui ralentit.
Enfin, de son côté, l’Union européenne a plutôt bien accueilli les mesures plus crédibles de la part de l’Italie, permettant de mettre son projet de budget en conformité avec les règles de l’Union européenne (afin d’éviter une procédure disciplinaire). Le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a présenté une proposition qui comporte un déficit moins élevé que précédemment envisagé. L’Italie a accepté de baisser son budget 2019 de 4 milliards d’euros. Un compromis semble donc avoir été trouvé par l’Italie pour rentrer dans les clous européens.
La grande affaire de décembre reste le vote par le Parlement britannique du « deal » laborieusement négocié à Bruxelles par Theresa May. Le texte était censé être voté le 11 décembre, mais la vive opposition qu’il suscite chez les députés de tous bords rend son approbation très improbable. Aucune des issues possibles ne recueille pour l’instant de majorité parlementaire.
Cette équation politique du Brexit semble insoluble, avec le risque de saut dans l’inconnu en cas d’échec.
Sur le front du pétrole, la pression à la vente des investisseurs a enfin diminué. Les cours se sont stabilisés autour de 60$ pour le Brent et 52$ pour le WTI. Les pays membres de l’Opep et la Russie réunis récemment à Vienne, sont parvenus à un accord pour réduire la production de brut, afin d’éponger le surplus d’offre et de freiner la baisse des prix. La feuille de route prévoit une baisse commune de leur production de 1,2 million de barils par jour. Soit plus que le chiffre de 1 million qui avait été évoqué dans les récentes rumeurs.
L’or se stabilise autour de 1238 dollars. La guerre commerciale US/Chine reste l’événement majeur, mais a peu d’impact positif sur l’or. Les taux longs américains qui étaient remontés à 3,25 en octobre sont désormais sous les 2,9%, ce qui devrait être logiquement favorable à l’once d’or (dont par définition, le rendement est nul), mais pour l’instant ce n’est pas le cas. Ce manque d’élan est attribuable à la remontée du dollar. L’euro reste sous pression, malgré la confirmation de la fin très proche des mesures accommodantes de la BCE. Cependant et en raison notamment d’un indice d’activité économique PMI décevant pour la zone euro et des ventes de détails solides aux États-Unis le dollar est reparti à la hausse. Or l’appréciation du dollar pèse mécaniquement sur la valeur de l’once.
Les indices boursiers se sont donc retrouvés à nouveau ballotés face à ce flux d’informations contradictoires. Un autre élément est venu également s’ajouter à la confusion : l’absence de communication officielle de la Chine pour confirmer les informations américaines. En effet, alors que Trump a multiplié les tweets à la suite de l’entrevue avec le dirigeant chinois, la Chine, elle, a très peu communiqué. Pékin n’a par exemple pas parlé de la trêve de trois mois. Le gouvernement chinois a simplement évoqué des négociations à venir permettant un retour à la « normale ».
La confusion a continué à dominer alors que la décision de Pékin d’abaisser les droits de douane sur les voitures américaines importées, n’a au départ, figuré que dans un tweet de Trump.
Tout cela a laissé penser aux investisseurs que Donald Trump s’était peut-être un peu trop avancé.
Face à cette cacophonie le rallye de soulagement déclenché par la trêve commerciale entre les États unis et la Chine a laissé la place au doute. Si Donald Trump a survendu la réalité, tout n’est pas perdu puisque Pékin envisagerait au final de réduire les droits de douane sur les importations de voitures américaines et de se donner du temps pour cet accord. En outre, peu après la rencontre avec Trump, la Chine a annoncé un ensemble de nouvelles mesures détaillées visant à renforcer la protection de la propriété intellectuelle et s’est engagée à mettre en œuvre immédiatement les engagements concernant les produits agricoles, l’automobile et l’énergie.
Les responsables chinois ont tenté d’éviter tout malentendu, en soulignant que la réunion entre les États-Unis et la Chine avait été très fructueuse.
Malgré les efforts de la Chine, cela n’a pas suffit à raviver durablement l’appétit pour le risque des investisseurs.
Ces nouveaux doutes sur le commerce mondial ont une nouvelle fois pénalisé le secteur Technologique aux États-Unis et notamment Apple, qui a pesé de tout son poids sur les indices. Les secteurs sensibles aux relations commerciales ou exposés à la Chine ont accusé également les plus fortes baisses, à l’image du luxe, de l’automobile et des semi-conducteurs.
Comme si ces doutes n’étaient pas suffisants, l’arrestation au Canada (à la demande des États Unis) de la directrice financière de Huawei, géant chinois des télécoms, a mis à mal les espoirs de trêve commerciale entre la Chine et les US. Le risque de rupture est d’autant plus grand que cette personnalité qui risque d’être extradée aux États-Unis, n’est autre que la fille du patron de Huawei. Selon la presse, elle a été arrêtée pour violations supposées des sanctions américaines contre l’Iran. Mais cela reste encore très flou.
Cette arrestation a fait trembler les marchés mondiaux, car elle risque d’être perçue en Chine comme une attaque à l’encontre d’un des patrons les plus influents du pays. Ren Zhengfei, fondateur du groupe Huawei, est l’un des barons du capitalisme chinois. Il a su transformer un distributeur d’électronique grand public en un géant des réseaux télécoms au chiffre d’affaires supérieur à celui de Boeing et dont l’activité s’étend de l’Asie à l’Europe en passant par l’Afrique. L’arrestation de la fille du patron le plus en vue en Chine risque d’envenimer les relations entre Pékin et Washington.
Dans un tel contexte, les statistiques économiques américaines, pourtant nombreuses, bonnes ou moins bonnes, ont laissé les opérateurs de marbre. Que ce soit les créations d’emplois décevantes ou l’ISM manufacturier, ressorti au-dessus des attentes.
Parmi les facteurs de soutien récent, on note pourtant le changement de ton du président de la FED qui, a décrit le niveau des taux d’intérêt comme juste en dessous du niveau neutre. Cette petite phrase anodine a rassuré sur les futures hausses des taux en 2019. Mais le répit n’a pas duré longtemps puisque là encore, les marchés en ont conclu que la position plus indulgente de la Fed posait des questions sur la pérennité d’un cycle de croissance US aussi long. Toutefois, la dynamique sur l’emploi et les salaires devrait permettre à la consommation de demeurer un soutien pour l’économie encore en 2019.
En Europe, en plus des préoccupations commerciales qui ont impacté tous les indices mondiaux, le Cac 40, a également été freiné par les conséquences des blocages et manifestations organisés par les « Gilets jaunes ». Depuis 1 mois, ce mouvement agite la France. Ces tensions sociales ont eu des répercussions sur les cours de Bourse des sociétés œuvrant dans la distribution, le tourisme, le transport ou le commerce en général.
Du côté de la BCE Mario Draghi a confirmé qu’il interromprait ses rachats de dettes publiques et privées. La BCE met ainsi fin, à la fin du mois, à son Quantitative Easing, destiné à soutenir l’économie. Le président de la Banque centrale estime que la zone euro est désormais suffisamment solide pour s’en passer. Et ce, même si les derniers indicateurs économiques suggèrent « une dynamique de croissance plus faible qu’auparavant ». La page est tournée. Toutefois la politique de la BCE restera accommodante encore un moment, puisqu’elle va maintenir ses taux proches de zéro, tant que l’inflation ne repart pas. Et l’inflation ne risque pas de repartir avec une économie européenne qui ralentit.
Enfin, de son côté, l’Union européenne a plutôt bien accueilli les mesures plus crédibles de la part de l’Italie, permettant de mettre son projet de budget en conformité avec les règles de l’Union européenne (afin d’éviter une procédure disciplinaire). Le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a présenté une proposition qui comporte un déficit moins élevé que précédemment envisagé. L’Italie a accepté de baisser son budget 2019 de 4 milliards d’euros. Un compromis semble donc avoir été trouvé par l’Italie pour rentrer dans les clous européens.
La grande affaire de décembre reste le vote par le Parlement britannique du « deal » laborieusement négocié à Bruxelles par Theresa May. Le texte était censé être voté le 11 décembre, mais la vive opposition qu’il suscite chez les députés de tous bords rend son approbation très improbable. Aucune des issues possibles ne recueille pour l’instant de majorité parlementaire.
Cette équation politique du Brexit semble insoluble, avec le risque de saut dans l’inconnu en cas d’échec.
Sur le front du pétrole, la pression à la vente des investisseurs a enfin diminué. Les cours se sont stabilisés autour de 60$ pour le Brent et 52$ pour le WTI. Les pays membres de l’Opep et la Russie réunis récemment à Vienne, sont parvenus à un accord pour réduire la production de brut, afin d’éponger le surplus d’offre et de freiner la baisse des prix. La feuille de route prévoit une baisse commune de leur production de 1,2 million de barils par jour. Soit plus que le chiffre de 1 million qui avait été évoqué dans les récentes rumeurs.
L’or se stabilise autour de 1238 dollars. La guerre commerciale US/Chine reste l’événement majeur, mais a peu d’impact positif sur l’or. Les taux longs américains qui étaient remontés à 3,25 en octobre sont désormais sous les 2,9%, ce qui devrait être logiquement favorable à l’once d’or (dont par définition, le rendement est nul), mais pour l’instant ce n’est pas le cas. Ce manque d’élan est attribuable à la remontée du dollar. L’euro reste sous pression, malgré la confirmation de la fin très proche des mesures accommodantes de la BCE. Cependant et en raison notamment d’un indice d’activité économique PMI décevant pour la zone euro et des ventes de détails solides aux États-Unis le dollar est reparti à la hausse. Or l’appréciation du dollar pèse mécaniquement sur la valeur de l’once.
Précision : Les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil financier spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction uniquement.