On dit parfois, dans certains cercles restreints, qu’Israël est le pays des miracles. L’indice phare de la bourse telavivienne continue de progresser et surpasse même le S&P 500.
Des données récentes du BCS – Bureau Central des Statistiques – montrent que les investissements étrangers ont atteint un pic de trois ans, tandis que The Economist attribue une note élevée à l’économie israélienne.
Un an et deux mois après le début de la guerre, l’économie israélienne bénéficie de la confiance des investisseurs, et cette dynamique se renforce ces derniers jours ; trois indicateurs récents viennent appuyer cette tendance.
Tout d’abord, l’indice phare de la bourse de Tel-Aviv, le TA-125, a dépassé le S&P 500 et affiche un rendement supérieur.
En réalité, il est même difficile de trouver un indice comparable ayant généré de meilleurs rendements pour les investisseurs cette année. Cependant, il convient de rappeler qu’en 2023, la bourse locale a souffert de performances médiocres, en raison de la réforme judiciaire, du débat qui en a découlé et, par la suite, de la guerre du 7 octobre.
Les indices en Israël ont montré une croissance significative, notamment au second semestre de l’année. La baisse des primes de risque, associée à l’arrêt des hostilités sur le front Nord, a déclenché un rallye impressionnant.
Un autre chiffre récemment publié par le Bureau central des statistiques témoigne de la forte confiance dont bénéficie l’économie locale. Au troisième trimestre, les investissements étrangers en Israël ont connu une reprise, atteignant 11,5 milliards de dollars, le montant trimestriel le plus élevé depuis 2021. Ce chiffre est particulièrement remarquable pour l’économie israélienne, qui repose sur le secteur de la haute technologie comme moteur principal de la croissance.
De surcroît, l’excédent du compte courant de la balance des paiements d’Israël a augmenté. Entre le dernier trimestre 2023 et le troisième trimestre 2024, un excédent cumulé de 24,8 milliards de dollars a été enregistré, contre 19,5 milliards de dollars durant les quatre trimestres précédant la guerre. L’excédent du compte courant indique que le pays exporte plus qu’il n’importe, ce qui mène à l’accumulation d’actifs financiers à l’étranger et créé une pression à la hausse du shekel.
En effet, le marché des devises, depuis le début de la guerre, montre une appréciation du shekel de plus de 5 %. Cette appréciation de la monnaie soutient la baisse de l’inflation, facilitant ainsi la situation économique générale et allégeant la charge des ménages.
Toutefois, les économistes estiment que le marché des devises continue d’incorporer une prime de risque, et dans le scénario d’une fin de guerre, le shekel pourrait poursuivre son renforcement. Actuellement, le taux de change du dollar est d’environ 3,65 shekels.
Le classement surprenant de The Economist
L’année écoulée a été pleine de turbulences pour l’économie mondiale, avec des élections majeures aux États-Unis, en Inde et au Parlement européen. Cependant, l’économie mondiale pourrait considérer l’année 2024 comme un succès particulier. Le FMI – Fonds Monétaire International – prévoit une croissance mondiale de 3,2 %, une inflation mondiale maîtrisée, et certains marchés boursiers pourraient enregistrer une hausse supérieure à 20 % pour la deuxième année consécutive.
Dans un classement des économies les plus fortes pour 2024, réalisé par The Economist, Israël occupe une position surprenante. L’indice a pris en compte plusieurs critères pour évaluer la performance des 37 pays étudiés, notamment le taux de croissance, les performances des marchés boursiers, le taux d’inflation, le chômage et le déficit de l’État.
Le pays ayant obtenu les meilleurs résultats est l’Espagne, qui, il y a deux ans, partageait la quatrième place avec Israël. Les autres pays en tête de liste sont la Grèce, l’Italie, l’Irlande et le Danemark, Israël se trouvant immédiatement après, à la sixième place (avec la Colombie).
Qu’est-ce qui explique cette première place pour l’Espagne ?
L’Espagne affiche une prévision de croissance de 3% pour la fin de l’année, bien au-dessus de ses partenaires de la zone euro, qui connaissent une croissance très faible, voire nulle.
Selon The Economist, “la croissance en Espagne est soutenue par un marché du travail particulièrement dynamique et des niveaux élevés d’immigration, qui contribuent à la production économique”.
De plus, le pays présente un taux de chômage relativement bas par rapport aux années précédentes.
Des données favorables pour Israël, mais avec des failles
Les solides données macroéconomiques d’Israël sont à l’origine de son classement élevé. Le faible taux de chômage et les bons rendements des actions à la bourse de Tel-Aviv ont également renforcé sa position ces derniers mois.
De plus, la manière dont The Economist a mesuré la croissance d’Israël (sur la période du quatrième trimestre de 2023 au troisième trimestre de 2024) a permis de mettre en avant un chiffre particulièrement positif : 6,7 %.
Le magazine explique cet écart par la forte croissance observée au cours du premier trimestre de l’année, après le choc de la guerre fin 2023.
Cependant, l’absence de prise en compte de certains facteurs dans l’analyse pourrait donner un aperçu partiel. Bien que le PIB ait montré une progression impressionnante jusqu’à présent, la prévision de croissance pour 2024 en termes annuels est très faible, avec une croissance quasi nulle. De plus, la croissance par habitant devrait être négative.
Il convient également de souligner les incertitudes concernant la croissance future d’Israël. Divers organismes économiques internationaux, y compris les agences de notation, estiment qu’Israël aura du mal à retrouver rapidement la dynamique de croissance qui caractérisait son économie avant la guerre.
Les données relatives au déficit budgétaire d’Israël, qui devrait atteindre plus de 7,5 % d’ici la fin de l’année, ne sont pas suffisamment prises en compte.
À noter que la note de crédit d’Israël a été abaissée plusieurs fois par toutes les agences de notation au cours de l’année écoulée.
Une note positive – des améliorations des paramètres
L’approche de The Economist reste optimiste, mettant en avant les points forts de l’économie locale malgré la guerre. L’économie israélienne a montré une résilience notable, la consommation privée reflétant une confiance optimiste, et les institutions financières demeurant solides.
De plus, la Banque d’Israël a la capacité de soutenir les marchés en cas de défaillance, comme cela a été le cas avec le taux de change au début de la guerre. À ce moment, la Banque Centrale d’Israël a lancé un programme de vente de jusqu’à 30 milliards de dollars, dont 8 milliards ont été utilisés.
D’autres facteurs favorables à l’économie locale incluent la solidité du shekel et la prévision que l’inflation devrait se modérer au cours des 12 prochains mois, pour revenir dans la fourchette cible de la Banque d’Israël, située entre 1 % et 3 %.