financiers

Depuis deux ans, l’Économie mondiale évolue dans un cercle vertueux, connaissant une reprise synchronisée, au sein des différentes grandes zones économiques, suffisamment solide, tout en étant modérée, lui permettant de ne pas être inquiétée par une éventuelle récession ou encore une reprise de l’inflation.

Cet état de grâce est notamment dû à une accélération de la nouvelle Économie et des nouvelles technologies, poussant les prix à la baisse, conjugué à une mondialisation des Économies entrainant une forte compétitivité en matière salariale.
Et les conséquences sont multiples :
– Des taux d’emprunt bas ;
– Des taux de chômage faibles ;
– Un accroissement des actifs immobiliers et des valeurs mobilières.

Quid de 2018 ? Peut-on espérer que cet élan de croissance économique se poursuive, sans accélération des forces inflationnistes?

Selon nos modèles, nous n’anticipons aucune surchauffe de l’Économie mondiale, cette dernière étant de mieux en mieux orientée et mieux répartie entre les pays occidentaux et les pays émergents, jouissant notamment du dynamisme des entreprises, mais également d’une inflation qui devrait se raffermir, sur fond de politiques monétaires qui devraient être de moins en moins accommodantes, à partir du second semestre 2018.

Quels sont les risques susceptibles de faire dérailler notre scénario de base ?

1/ Scénario le plus défavorable : crise systémique.

Aux regards des fondamentaux actuels, il est difficile d’imaginer un ralentissement de l’Économie… Sauf dans le cas d’un évènement majeur politique ou géopolitique :

L’éventuelle réapparition des craintes de 2015 au sujet de l’Économie chinoise fait également partie des risques à surveiller pour 2018. De fait, la croissance chinoise a été financée par un endettement croissant de l’ensemble des agents économiques, mais surtout des entreprises, au cours des dernières années ! En résulte la création d’une bulle.
Dans le cas où les autorités chinoises venaient à durcir les règles en matière d’investissements servant à financer l’énorme système bancaire parallèle, le commerce mondial en serait impacté.

Les risques géopolitiques devraient rester présents au cours des mois à venir, avec une recrudescence des tensions entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, le bras de fer entre Kim Jong Un et Donald Trump, les élections législatives en Italie avec une possible – et inquiétante – victoire du parti protestataire Movimento 5 stelle en mars 2018, mais également une situation toujours instable en Catalogne.

Dans le cas de l’un de ces scénarios, les indices actions pourraient violemment corriger, entrainant un retour de la volatilité.
Les banques centrales passeraient en mode «  crise «, déclenchant potentiellement une ruée vers les valeurs refuge telles que les obligations d’État, le dollar US, l’or, etc…
Bien que potentielle, la probabilité d’un tel scénario reste toutefois faible.

2/Scénario médian : retour de l’inflation

Il est actuellement difficile d’imaginer une hausse soudaine des prix à la consommation.
Il faut toutefois rester vigilant ; de fait, les prix des matières premières sont au niveau les plus élevés depuis 3 ans. Par ailleurs, la croissance des salaires commençant à se rapprocher d’un rythme de 3 %, de plus en plus de conditions sont remplies pour que l’inflation retrouve le niveau cible de la FED de 2 %.

Pour autant, si la FED décidait de rehausser son taux directeur à plusieurs reprises en 2018 pour le ramener à 2.75 %, les marchés d’actions et d’obligations pourraient baisser à court terme, mais repartir sur les plus hauts à moyen/long terme. En effet, historiquement les indices actions se comportent mieux avec de l’inflation, ce qui est souvent synonyme d’accélération de la croissance.

Il conviendra tout de même d’être extrêmement prudent car un mauvais contrôle du dégonflement de la bulle de « l’argent facile » pourrait entraîner un effondrement du prix des actions et de l’immobilier.

Les banques centrales peuvent aider à créer de la richesse ou encore déclencher une dépression économique. Au cours des 10 dernières années, elles ont été généreuses, de peur de mal gérer la dernière crise financière en 2008 et surtout d’éviter le scénario catastrophe de 1929.
L’Économie mondiale et les marchés financiers n’ont été que trop heureux de profiter des largesses offertes par Ben Bernanke et Janet Yellen ; cependant, le fait d’inonder l’économie et les marchés financiers de liquidités peut avoir de sérieux effets secondaires.
Dans le cas où le flux ne serait pas endigué au bon moment, une bulle pourrait se former au niveau des prix des actifs, dont l’éclatement serait source d’instabilité financière.
Inversement, un resserrement prématuré des taux de référence risque d’étouffer la reprise économique.
La fin des festivités – festin ? – approche : à ce jour, seule la FED a entrepris de rehausser son taux directeur ; toutefois, la BCE et la Nippon Ginko (Banque du japon) devraient suivre le mouvement, de façon moins abrupte cependant.

3/ Scénario d’un optimisme mesuré : poursuite de l’année 2017

Il existe une probabilité raisonnable que le scénario d’un retour de la croissance, couplée à une inflation faible, se poursuive au moins jusqu’en Juin 2018, ce qui serait positif pour les marchés des actions et des obligations d’entreprise.

Pour ce qui est du second semestre 2018, l’arrêt progressif du soutien des banques centrales aux marchés pourrait se traduire par une remontée des taux et un retour à d’avantage de volatilité.
Néanmoins, si la hausse des taux venait à trop peser sur la croissance, les réponses macro-économiques proviendraient à terme des politiques budgétaires et fiscales, qui pourraient prendre le relais des banques centrales, qui ont su évité le pire, lors de la dernière décennie, notamment en 2008.

Stratégie d’investissements

Nous modifions très peu nos positions au sein de nos portefeuilles, car elles s’inscrivent globalement dans notre scénario de base. Vu le niveau élevé des évaluations des marchés d’actions et d’obligations, nous continuons à augmenter progressivement notre exposition aux stratégies alternatives.
L’objectif est de délivrer des rendements décorrélés des autres classes d’actifs. Bien que l’optimisme prévale sur les marchés financiers, nous sommes encore loin de l’euphorie. Bien que les perspectives pour 2018 soient bonnes, nous restons vigilants.

En terme de zone géographique, notre préférence va vers les actions européennes, car avec la remontée des taux à venir, les actions américaines devraient rencontrer quelques phases de consolidation.
La bourse américaine a nettement surperformé ses homologues européens, grâce à une plus grande pondération des actions liées à la nouvelle économie, qui sont devenues trop chères. Les valeurs technologiques sont aux prémices d’une bulle.

Il en va de même concernant les programmes de rachats d’actions, orchestrés par les sociétés US, qui ont racheté massivement leurs propres actions. Il nous a été loisible d’observer de par le passé que lorsque les taux remontaient, l’argent facile se tarissant, ces-dernières cessaient de s’endetter et stoppaient rapidement leurs programmes de rachats, entrainant une baisse des indices actions dans leur ensemble.

Autre risque : Les différents stades d’évolution des expansions américaine et européenne.
De fait, l’américaine a débuté en 2010, tandis que l’européenne en 2014.
L’Europe est actuellement au milieu d’une phase d’expansion et très loin du plein emploi, tandis que les Etats-Unis sont en train de consolider leurs acquis.
La politique moins expansionniste de la BCE devrait rester favorable aux différents secteurs de l’économie. Par ailleurs, elle devrait continuer à refinancer les banques à des niveaux favorables.
Par la suite, lorsque la BCE cessera son assouplissement quantitatif, elle freinera les achats de dette publique et les institutionnels
reviendront sur les actifs sans risques au détriment des autres ; le coût de l’argent augmentant, banques et entreprises reverront leur politique de financement entrainant un ralentissement de l’économie.

Tous ces éléments convergent vers une surperformance attendue des actions européennes.

Pour le reste du monde – hors US, Europe et Japon – à l’instar de la Chine et des autres pays émergents, où la croissance devrait osciller aux alentours des 6.50 % annuels, les économies soutenues par la désinflation devraient repartir, sur fond de stabilité des taux de change et de taux d’emprunt bas. La moitié du monde devrait être sur un rythme de 4% annuel.
Aucune raison d’être négatif sur la croissance dans les pays émergents.

Nous conseillons aussi de surpondérer les matières premières, qui constituent l’une des classes d’actifs les plus intéressantes pour diversifier et protéger les portefeuilles.
Les performances des matières premières devraient être soutenues par la réduction de l’offre (baisse de la production pétrolière de l’OPEPet repli des investissements dans les métaux de base) et par la tendance favorable de la demande.
De plus, la recrudescence du risque géopolitique (énergie et métaux précieux) et de possible résurgence de l’inflation (énergie et métaux de base), sont des facteurs favorables pour augmenter le poids des matières premières dans les portefeuilles.

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