La BCI – Banque Centrale d’Israël – a réhaussé pour la neuvième fois consécutive son taux Directeur de 0.25 %, pour un taux désormais à 4.50 %. Pour la BCI : l’Inflation restera élevée, le taux Directeur va continuer d’augmenter. Elle estime à 2.80 % annuelle la perte de PIB à imputer aux troubles politiques que traverse actuellement la société israélienne.
La dernière augmentation du taux Directeur, en date du 3/04/2023, était prévisible, dans la mesure où les banques centrales américaine et européenne ont également rehaussé leurs taux Directeurs en mars dernier, 0.25 % pour la FED et 0.50 % pour la BCE.
Ce sont plutôt les prévisions mises à jour de la BCI qui surprennent : l’inflation devrait retomber à 3,90 % d’ici la fin 2023, soit près d’un point de pourcentage en plus que lors des précédentes prévisions.
Pour ce qui est de la Croissance ses prévisions la ramènent à 2.50 % pour 2023, soit moins que celle de l’OCDE, qui table sur 3 %.
La Banque prévoit également que le chômage grimpera à 4.10 % chez les 25-64 ans, contre 3.30 % fin 2022.
Pour toutes ces raisons, la BCI estime que son taux Directeur devrait être à 4.75 % à la fin 2023, soit un taux de base en banque à 6.25 %.
Rappelons que l’Inflation est actuellement à 5.20 %, soit bien plus que la fourchette haute fixée à 3 %.
La BCI a également fait part de deux scénarios possibles découlant des troubles politiques que traverse actuellement le pays en raison de la tentative de réforme juridique.
Pour ce qui est du scénario optimiste, la réforme n’aurait pas d’incidence sur l’activité économique, et les analystes de la BCI le confirmeraient tous les trimestres. Dans un tel scénario, le PIB devrait croître de 2.50 % en 2023 et de 3.50 % en 2024.
Le taux de chômage des 25-64 ans devrait être en moyenne de 4.10 % en 2023 et de 4 % en 2024. Le taux d’inflation moyen au quatrième trimestre 2023 devrait être de 3.90 % et il devrait diminuer à 2.30 % d’ici la fin 2024. Pour ce qui est de la dette de l’État, elle représenterait 59 % du PIB en 2023 et 58% en 2024.
Pour ce qui est du scénario pessimiste, la réforme juridique portera gravement atteinte au PIB du pays.
Selon la BCI, “les changements juridiques et institutionnels s’accompagneront d’une augmentation du risque-pays, affectant d’une part les exportations, et provoquant une diminution des investissements locaux et de la Consommation”. Ce scénario s’accompagnant d’une incertitude plus élevée que le scénario standard, en ce qui concerne la force et la persistance des chocs, les prévisions portent sur une période de trois années, et non année par année, comme il est d’usage.
“Pour peu que les effets néfastes s’estompent rapidement, le PIB devrait baisser de 0.80 %/an au cours de cette période de trois années. Cependant, et pour peu que l’opinion des marchés financiers, et autres acteurs de l’Économie en soit plus affectée, le PIB baisserait alors d’environ 2.80 %/an au cours de cette même période”.
Au sujet du risque-pays, les analystes de la BCI ont relevé certains signes que son augmentation est effectivement possible.
“Ces derniers mois, nous avons assisté à une certaine augmentation de l’écart de rendement des obligations en dollars du gouvernement israélien par rapport aux obligations américaines, mais aussi à l’affaiblissement du shekel, à la sous-performance du marché boursier local par rapport aux marchés étasunien et européen, et à des mises en garde de société de notation et de fonds d’investissement. Les investisseurs exigeront une prime pour être disposés à détenir des actifs israéliens : actions, obligations d’État ou obligations d’entreprises. Une augmentation de la prime de risque augmente les coûts de financement de l’Économie, qui peut se traduire par une réduction du montant du capital disponible dans l’Économie, une augmentation de l’épargne comme coussin de sécurité, une diminution du taux de levée de fonds Capital-risque pour le secteur de la High-Tech, par la dévaluation du shekel, et par l’accélération de l’Inflation. Le résultat est une diminution du montant des investissements réels dans l’Économie, ce qui, au fil du temps, conduira à des dommages au PIB”.
La BCI met également en garde contre un éventuel rejet d’Israël à l’International, qui conduirait les états à ne plus vouloir investir en Israël ou encore à consommer des produits israéliens.
Concernant l’augmentation du taux Directeur, il était évident pour les différents acteurs du Marché, que le Gouverneur l’augmenterait.
De fait, il déclarait à la mi-mars que “l’Inflation reste toujours importante sur l’ensemble du Globe, notamment dans le secteur des services. Nous restons déterminés à l’abaisser et la ramener dans la fourchette cible (1 %-3 %) ; si cela signifie continuer à augmenter le taux Directeur, c’est ce que nous ferons.”
Des déclarations de ce genre ont préparé le marché à une approche extrêmement belliciste de la part de la BCI dans la lutte contre l’Inflation.
Semble également évident que cette augmentation ne sera pas la dernière de l’année.