Moody’s dégrade ses perspectives pour l’Économie israélienne en les passant de positives à stables.
En cause : l’augmentation du déficit budgétaire, et ce bien avant la crise du Covid-19, ainsi que la baisse de l’efficacité de la politique fiscale notamment dûs à un climat politique incertain.
Le 25/04/2020, l’agence de notation Moody’s a dégradé ses perspectives pour l’Économie israélienne, les passant de “positive” à “stable” tout en maintenant sa note à A1.
Pour rappel, Moody’s avait apprécié ses perspectives pour l’Économie israélienne en juillet 2018, en les passant à “positives”, ce qui lui avait permis de réhausser sa notation, permettant d’abaisser les taux d’emprunts de l’État israélien.
De fait, afin d’emprunter de l’argent, un état émet des obligations dont la rémunération est fonction du risque ; plus sa notation est mauvaise, plus ses obligations seront rémunérées et inversement, cette rémunération des obligations étant en fait le taux d’emprunt pour un état.
Bien que Moody’s n’ait pas dégradé la note d’Israël, par cette révision de ses perspectives elle fait toutefois savoir qu’aucune augmentation n’est prévue prochainement.
Moody’s justifie sa décision notamment en raison d’un déficit budgétaire en augmentation et ce déjà avant la crise du Covid-19 – et s’étant aggravé durant cette dernière – laissant présager une politique fiscale venant à être durcie, mais également du fait de la baisse de l’efficacité de la politique fiscale notamment en raison du climat politique incertain depuis 12 mois déjà.
Les économistes de l’agence précisent que l’enlisement des performances budgétaires et fiscales d’Israël avaient déjà été relevées en juillet 2018, sur fonds d’un déficit budgétaire étant passé à 4 % entre les mois de juillet 2016 et 2017, tandis qu’il n’était que de 1 % entre les mois de juillet 2015 et 2017.
À cette époque, il était cependant question de le ramener à 3 %, ce qui fut d’ailleurs confirmé en juillet 2019, lorsqu’il avait été ramené à 2.90 %, en dépit d’une augmentation des dépenses publiques ainsi que d’une baisse des recettes fiscales.
2019 conclut toutefois sur un déficit de 3.70 %, que certains au sein du ministère des Finances justifient par des reports de dépenses de 2018, ainsi que des avances fiscales également payées en 2018, servant notamment les intérêts électoraux de Moshé KAHLON, qui devait présenter de bons résultats au cours de son mandat en tant que ministre des Finances afin de pouvoir se présenter sous son meilleur jour lors des élections.
Moody’s prévoit également une augmentation de la dette publique sur fonds de plan de sauvetage massif de l’Économie israélienne des suites du Covid-19 et de ses conséquences désastreuses sur cette dernière, conjuguée à une baisse de l’activité économique.
Ainsi, la dette publique devrait grimper à 72 % du PIB du pays, tandis que fin 2019 le ratio était de 60 %.
En matière de déficit budgétaire, l’agence de notation prévoit qu’il grimpe à 9 % d’ici fin 2020, avant de diminuer et de repasser à 5.50 % fin 2021.
Ces perspectives laissent présager des gestions difficiles de crises qui pourraient venir dans les prochaines années en raison d’un endettement déjà élevé et laissant peu de marges de manoeuvres.
L’agence estime notamment que ces mauvais chiffres sont à imputer à différents plans mis en place au cours des dernières années par Moshé KAHLON et validé par le Premier ministre Binyamin NETANYAHOU, et ce malgré les mises en garde des économistes ; pour n’en citer que certains, furent notamment rehausser les salaires ainsi que les retraites des policiers, mais également mis en place des plans populistes hasardeux ayant aggravé le déficit budgétaire.
C’est toutefois le contexte politique actuelle qui a convaincu les économistes de Moody’s de revoir leurs perspectives à la baisse, ce-dernier étant bien plus instable actuellement qu’en juillet 2018.
L’absence d’un gouvernement et bien que se soient déjà tenues 3 élections au cours des 12 derniers mois, empêche de voter un nouveau budget ou encore de mettre en place les mesures fiscales et économiques nécessaires et ce malgré un déficit se creusant.
L’on précise cependant que la note maintenue de A1 reflète le potentiel de Croissance sur le moyen terme ainsi que la confiance élevée des institutionnels en l’Économie israélienne, qui devrait d’ailleurs selon toute vraisemblance permettre à Israël de sortir rapidement des conséquences sur l’Économie du Covid-19.