Les banques Leumi et Mizrahi-Tefahot ont demandé l’accord de l’AMF – Autorité des Marchés Financiers – de pouvoir commercialiser des polices d’assurances auto, commerciales ou encore mobilier.
Pour rappel, les compagnies de cartes de crédit en ont reçu l’accord.
Jusqu’à présent des demandes similaires des banques avaient été rejetées afin d’entraver leurs velléités hégémoniques.
Peu après avoir pallié à l’amputation des compagnies de cartes de crédit, grâce aux applications de paiements, les banques se sont fixées un nouvel objectif – qui est en fait un vieil objectif – conquérir le marché des assurances.
De fait, ces-dernières sont de plus en plus menacées par la technologie réduisant l’importance de l’activité bancaire dite classique, mais également la Fintech qui est encouragée par les régulateurs, ainsi qu’une concurrence accrue de la part des compagnies de cartes de crédit.
En ce sens, les banques ont entamé des négociations avec l’AMF afin d’étendre le champ des assurances qu’elles peuvent commercialiser.
À titre d’exemple, la banque Mizrahi-Tefahot aimerait étendre son panel de produits, notamment en commercialisant des polices d’assurances mobiliers.
À noter qu’elle est extrêmement rentable, avec un bénéfice net de 82 millions de shekels en 2018, contre 73 en 2017 en se cantonnant uniquement aux polices d’assurances-décès et murs.
De son côté, la banque Leumi a également entrepris des démarches en ce sens, souhaitant notamment pouvoir vendre des polices d’assurances intervenant en cas de perte d’un emploi ou de baisse des revenus.
Afin de convaincre l’AMF, les banques crient à l’injustice en raison du fait que les compagnies de cartes de crédit devraient prochainement avoir l’autorisation de commercialiser des polices d’assurances.
En ce sens, elles invoquent les bénéfices du fait d’augmenter la concurrence sur ce marché et qu’elles devraient également pouvoir y accéder.
Et les banques n’en sont par à leur première tentative : l’UBI – Union des Banques Israéliennes – s’était déjà tournée de par le passé vers l’AMF en expliquant que les banques étrangères commercialisent déjà des polices d’assurances, ce à quoi l’AMF avait apposé son droit de veto.
Il est vrai que la commercialisation des assurances représenterait un avantage à savoir un service de tout-en-un, à l’instar des polices d’assurances-décès ou habitation, pour lesquelles les banques peuvent vous faire une proposition sur place.
À noter que les polices d’assurances commercialisées n’émanent pas des banques elles mêmes mais sont commercialisées en partenariat avec des compagnies d’assurances ; en ce sens, elles perçoivent des commissions pouvant atteindre 40 % de la mensualité concernant les polices d’assurances décès et 20 % pour l’habitation.
De ce fait, dans l’écrasante majorité des cas, les polices d’assurances commercialisées par les banques sont bien plus chères qu’en passant en direct par la compagnie d’assurances ; pourtant, et certainement par confort, force est de constater que le client ne procède généralement à aucun comparatif dans ce domaine.
D’ailleurs, de hauts responsables au sein des compagnies d’assurances l’expliquent ouvertement : la différence vient de la commission de la banque qui fait office d’apporteur d’affaires.
Ils expriment d’ailleurs leur scepticisme quant au fait que les banques puissent accéder à ce marché : “ce serait leur donner trop de pouvoir et ramener le marché des assurances en arrière”.
De leur côté, les banques arguent qu’il serait logique de commercialiser les polices d’assurances “si un client nous sollicite pour un crédit-auto ou encore un prêt-immo, quoi de plus logique qu’ils souscrivent chez nous aux assurances afférentes à ce prêt/cette acquisition ?”.
D’ailleurs, le Gouverneur de la BCI – Banque Centrale d’Israël – encourage ce changement depuis son entrée en fonction et ce afin de dynamiser la compétitivité selon ses dires”.
Toutefois le Gouverneur sortant de l’AMF ne l’entend pas de la même façon et pense au contraire que cela ne ferait qu’étendre l’hégémonie des banques au détriment justement de la compétitivité et donc de l’intérêt des contractants.
Elle prend d’ailleurs pour exemple les assurances des crédits immobiliers pour lesquelles les banques n’ont pas spécialement fait montre de concurrence jouant en faveur de leurs clients… au contraire, elles sont généralement plus chères que ceux qu’elles prétendent concurrencer.
Le Gouverneur de l’AMF avait d’ailleurs tenté de prendre des mesures en 2016 pour plafonner les commissions que les banques pouvaient pratiquer dans ce secteur, mesures n’ayant finalement pas abouties sous la pression des banques.
Les Gouverneurs de la BCI et de l’AMF ayant récemment changé, le sujet est de nouveau à l’étude…
Calcalist