L’un des axes d’une initiative globale visant à encourager la concurrence interbancaire menée par le ministre des Finances, portera sur la rémunération des soldes des comptes courants. Un taux de rémunération de 0.50 %/an représenterait un coût de 2,5 milliards de shekels par an.
Les précédentes tentatives ont avorté lors du passage au Parlement.
Dans le cadre d’une initiative menée par le ministère des Finances visant à améliorer la concurrence inter-bancaire, le Ministère envisage la possibilité de contraindre les banques à rémunérer les comptes courants de leurs clients.
Bezalel Smotrich, actuel ministre des Finances et fervent soutien de cette mesure souhaiterait d’ailleurs la présenter lors de la prochaine session du Parlement portant sur le vote de nouvelles lois ; semble toutefois que les délais seront trop courts, cette session étant prévue au 23/02/2023.
Fort à douter que la BCI – Banque Centrale d’Israël – soutienne l’initiative, dans la mesure où ses dirigeants se sont de par le passé opposés à quelque régulation que ce soit portant sur le “coût de l’argent”, c’est-à-dire les taux d’intérêts.
Actuellement, l’on estime à 500 milliards de shekels le total des montants présents sur les comptes courants en Israël, ce qui signifie que chaque tranche de rémunération de 0.10 % représenterait 500 millions de shekels que les banques verseraient à leurs clients.
Actuellement, la rémunération moyenne des DAT (Dépôt à terme) à 3 mois est de 1.55 % ; une estimation prudente table sur une potentielle loi portant sur une rémunération des comptes courants de 0.50 %/an, soit un total de 2,5 milliards de shekels par an.
Bien qu’il s’agisse de montants importants, l’expérience montre que les banques ne sont pas si facilement lésées par des réformes devant potentiellement gréver leurs revenus.
En effet, fort à parier que les banques parviendront à amortir ce coût par une rémunération moindre de leurs autres dépôts, ou encore, en augmentant les taux d’intérêts des emprunts.
La décision envisagée par le Trésor est basée sur un projet de loi présenté le mois dernier par Yanon Azoulay, député issu du parti Shass, aux termes de laquelle le Gouverneur devra fixer le taux de rémunération des comptes courants, taux qui devra être approuvé par le ministre des Finances.
Selon lui, “il est impératif dans un contexte de hausse des taux d’intérêt qui permet aux banques d’engranger des bénéfices s’élevant à des milliards de shekels aux dépens du public, sans risque, tout en profitant de conditions de marché non-concurrentielles et tenant par la même le public en otages, de rétablir un peu d’équité. Le refus des banques de rémunérer les comptes courants créditeurs de leurs clients est indécent et injustifié”.
À noter que ce type d’initiatives ont déjà avorté dans le passé ; toutefois, dans le cas présent, elle est portée par le ministère des Finances, ce qui est de nature à lui permettre d’aboutir.
Jusqu’à avril 2022, la rémunération des DAT était quasi-nulle en raison d’un taux Directeur également quasi-nul (0.10 %) ; de nombreux clients ont préféré garder leurs fonds liquides sur leurs comptes courants, faisant augmenter le volume global des fonds détenus sur des comptes courants : alors qu’à la fin 2012, il s’élevait à 77,5 milliards de shekels, courant 2022, il a atteint le niveau de 600 milliards de shekels !
En raison des différentes augmentations du taux Directeur, nombre d’israéliens ont souscrit des DAT, faisant baisser le volume a 498,6 milliards de shekels en novembre 2022 ; il s’agit cependant toujours de volumes très élevés.
À noter que, bien que les banques ne rémunèrent pas les comptes courants créditeurs, elles facturent cependant des AGIO sur les découverts de ces derniers, avec des taux d’intérêts souvent à deux chiffres.
Autre fait marquant, les banques se servent des fonds présents sur les comptes courants de leurs clients afin de financer les financements octroyés…à leurs clients ! En d’autres termes, les comptes courants de leurs clients sont générateurs de revenus pour les banques.
Par ailleurs, il est loisible aux banques de souscrire des placements grâce à ces fonds auprès de la BCI, placements rémunérés à Prime – 0.10 %, soit actuellement 3.65 %.
Cette situation est devenue particulièrement choquante au cours de l’année écoulée, et est exacerbée par un contexte inflationniste, rognant la valeur des fonds détenus sur les comptes courants.
Cette proposition vient dans un contexte où la grogne à l’endroit des banques se fait de plus en plus forte et ce à raison : lorsque le taux Directeur est passé en l’espace de quelques mois (entre avril 2022 et janvier 2023) de 0.10 % à 3.75 %, les banques ne se sont pas empressées de répercuter cette hausse sur les DAT, tout en augmentant cependant le coût de l’emprunt, leur permettant ainsi d’engranger des gains records en raison du différentiel de taux.
La vindicte s’est intensifiée à la lumière des résultats financiers des banques. De fait, à la faveur de la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation, les revenus des banques ont sensiblement augmenté en 2022, avec d’énormes bénéfices de plus de 20 milliards de shekels et un rendement du capital de plus de 15 %, chiffre record depuis de nombreuses années.
Ces chiffres contrastent d’autant plus de ceux d’autres secteurs de l’Économie, pour qui 2022 fut une année difficile en raison de l’inflation, de la hausse des taux d’intérêt et du ralentissement de l’Économie.
Bien que la BCI ait fait savoir par la voix de son Gouverneur le fait qu’elle déplorait cette situation enjoignant les banques à mieux répercuter les augmentations du taux Directeur sur la rémunération des épargnes bancaires, elle a pour autant fait savoir qu’elle n’imposerait rien aux banques, leur demandant cependant de mieux rémunérer les dépôts.
Parallèlement à cela, la BCI a également développé une plateforme permettant notamment de comparer la rémunération des épargnes au sein des différentes banques.
Suite à cela, les banques ont en effet amélioré la rémunération de leurs dépôts, principalement celles portant sur des placements à long terme, faisant certainement le pari de hausses supplémentaires du taux Directeur par la BCI.