USD

Le bond de l’USD avec un cours qui tutoie les 3.30 ILS le 26/04/2022 est la conséquence du retour de vacances pour les israéliens, ainsi que de l’anticipation de fortes hausses du taux directeur aux États-Unis.

À plus long terme, le shekel devrait conserver sa vigueur, comme il le fait face à l’EUR et à la livre Sterling.Tandis que peu avant le début de la Pâques juive (Pessah’) l’USD était sous la barre des 3.20 ILS, il connaît un bond de 3 % au sortir de cette période pour atteindre un cours avoisinant les 3.30 ILS le 26/04/2022, soit son plus haut cours atteint au cours des 12 derniers mois.

L’une des causes est évidemment conjoncturelle et à imputer au retour à l’activité au sortir de la période de fête qui rime avec arrêt de l’activité économique et au sortir de laquelle se posent des problèmes de liquidité face à une forte demande de ces dernières ; ce phénomène est d’ailleurs fréquemment observé dans des contextes similaires.

Mais derrière le contexte conjoncturel, se cachent aussi des explications plus structurelles dont il faut tenir compte et qu’il convient d’analyser au préalable.

Premièrement, l’ILS ne s’est pas affaibli ; c’est simplement l’USD qui se renforce.

Pour preuve : le taux de change nominal effectif – qui représente les différentes devises des pays avec lesquels Israël entretient des partenariats commerciaux – continue de baisser, traduisant la poursuite de l’appréciation du shekel.

En d’autres termes, le shekel poursuit sa tendance naturelle (avec une légère cassure en janvier 2022) à l’appréciation et au renforcement et ce même en dépit du conflit russo-ukrainien.

L’Europe fait actuellement face à deux problématiques : évidemment la guerre sur son flanc Est, mais également l’Inflation.

Or, bien que cette dernière soit inférieure de 1 % à celle ayant cours aux États-Unis (7.40 % contre 8.50 %), le comportement du taux directeur de la BCE – Banque Centrale Européenne – devrait différer de celui de la FED – Banque Centrale Américaine – et pour plusieurs raisons.

Tout d’abord les prévisions de Croissance à la baisse pour les deux blocs, mais de façon bien plus marquée pour l’UE que pour les États-Unis : plus de 1 % pour le bloc européen de baisse de Croissance en 2022, contre 0.30 % pour le bloc étasunien.

Du côté des chiffres du Chômage, tandis que ceux des États-Unis sont aux alentours des 3.50 %, ceux en Europe devrait continuer à être supérieurs à 7 % durant au moins les deux années à venir.

En ce sens, il apparaît cohérent que les taux directeurs des deux blocs ne devraient pas connaître les mêmes courbes : augmentation lente en Europe, tandis qu’elle devrait être bien plus rapide aux États-Unis, où le taux directeur a d’ailleurs déjà été rehaussé.

Pour ce qui est de la BCI – Banque Centrale d’Israël -, le taux directeur devrait être d’environ 1.50 % d’ici le premier trimestre 2023,  alors que les obligations d’État américaines à 5 ans délivrent déjà du 3 %/an, soit la meilleure rentabilité pour ce type de support depuis 2018, ce qui en d’autres termes rend les produits financiers en USD particulièrement attrayants.

L’une des questions les plus brûlantes est de savoir s’il existe des forces fondamentales qui soutiennent l’affaiblissement continu du shekel par rapport au dollar ; y répondre est complexe.

À long terme, il ne fait presque aucun doute que le shekel continuera d’être une monnaie particulièrement forte.

À court terme, cependant, nous devrions assister à un changement de tendance. En supposant que l’USD reste stable dans le monde, le taux de change moyen du dollar au cours des 12 prochains mois se situera entre 3.10 et 3.30 ILS.

En ce sens, “la pression sur le shekel qui tend depuis plusieurs années à se renforcer par rapport au dollar devrait temporairement s’atténuer à la faveur des différentiels des taux directeurs entre les États-Unis, où les investisseurs s’attendent à environ 10 hausses au cours de l’année à venir, et Israël, où l’on table sur 3 à 8 hausses, chacune de 0.25 % pour Israël”, selon l’analyste économique du quotidien économique en ligne Calcalist.

Avant de reprendre : “à moyen et long terme, et après l’apaisement des marchés financiers, le shekel devrait rester fort, soutenu par des facteurs sous-jacents tels que l’excédent budgétaire, l’excédent des mouvements de capitaux, une Économie forte et en croissance, ainsi que d’une situation budgétaire solide valorisée positivement par les agences de notation, une diversité de services prisés à l’International (essentiellement la High-tech), mais également des matières premières, à l’instar des semi-conducteurs, des ressources naturelles et du Gaz”.

Ainsi, les raisons qui ont mené l’USD à 3.09 ILS sont toujours existantes, mais n’ont été que temporairement affaiblies en raison des politiques menées par les différentes banques centrales.

Le dernier rapport publié par le FMI – Fonds Monétaire International – a revu à la hausse pratiquement tous les paramètres macro-économiques pour Israël, tandis qu’elle les a revus à la baisse pour la majorité des autres pays.

Plusieurs raisons à cela : l’augmentation des importations de biens et produits qui sont payées en USD, permettra de désengorger les caisses de la BCI qui débordent d’USD (rappelons que la BCI avait massivement acheté des USD pour éviter que l’ILS ne décroche).

La hausse continue et forte des exportations de services (tout particulièrement la Hi-Tech) observée en 2021 s’est arrêtée début 2022.

Selon les données du BCS – Bureau Centrale des Statistiques -, les exportations de services Hi-Tech se sont stabilisées, à un niveau très élevé.

Enfin, la tendance observée en 2021 de l’activité étrangère sur le Marché israélien des valeurs mobilières se modère également, et ce  après que les achats nets de titres israéliens par des étrangers ont battu tous les records, s’élevant à plus de 30 milliards de dollars pour 2021.

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