La mesure qui sera soumise au votes des députés dans le cadre de la prochaine session visant à voter diverses lois vise à affaiblir le monopole de Bit, compagnie de transferts d’argent instantanés – (application appartenant à la banque Hapoalim).
À ce jour, les virements se font en saisissant les coordonnées bancaires du bénéficiaire : banque, agence et numéro de compte ; cette réforme prévoit que c’est le numéro de téléphone du bénéficiaire qui primera.
Aux termes de cette réforme, les applications auront l’obligation de communiquer entre elles.
Le marché des paiements et virements en ligne préoccupe le ministère des Finances qui prévoit de soumettre au vote des députés une mesure portant sur ce dernier lors de la prochaine session parlementaire visant à voter diverses lois.
Dans la dernière version du projet de loi, publiée à la mi-février 2023, un nouvel alinéa a été ajouté.
Et quel alinéa ! Ce-dernier prévoit que d’ici 2025, les transferts de fonds se feront uniquement en saisissant le numéro de téléphone du bénéficiaire du transfert.
Actuellement, l’instruction et l’exécution d’un virement implique de saisir, et donc de connaître, les coordonnées bancaires du bénéficiaire.
Bien que de prime abord cette réforme revêt uniquement des aspects techniques, il s’agit d’un changement important, qui ouvre la voie à l’utilisation de méthodes de paiement avancées.
Cette fonctionnalité fait actuellement l’objet d’un processus de développement par la société MASAB (centre de compensation bancaire), dans le cadre du système de paiements instantanés que la société développe avec le soutien de la Banque Centrale d’Israël, système qui est déjà opérationnel.
Grâce à ce système, les transferts d’argent peuvent être effectués immédiatement – comprendre le jour de leur instruction -, et non après un jour ouvrable, selon les pratiques bancaires en vigueur.
De fait, l’identification des personnes par leur numéro de téléphone dans le cadre de transfert de fonds devrait avoir une portée bien plus large.
Simple exemple : les organismes de prêts non-bancaires pourront transférer immédiatement et avec une simple identification du client le montant prêté.
Les organismes gouvernementaux, à l’instar de la sécurité sociale, ou encore l’administration fiscale sauraient également exploiter ces nouveaux outils.
Enfin, les sociétés de FinTech spécialisées dans les changes de devises y trouveraient également une solution facilitant les changes et transferts.
Pour autant, l’introduction d’un tel développement présente également de nombreux défis.
Par exemple, la question de la sécurité : l’identification à l’aide d’un numéro de téléphone est considérée comme moins sûre qu’une identification basée sur un numéro de compte bancaire, d’où une exposition accrue aux erreurs et à la fraude.
Des solutions de sécurité et de vérification d’identité peuvent cependant être mises en œuvre pour réduire de tels incidents.
Une autre des préoccupations du ministère des Finances est le monopole de Bit, application affiliée à la banque Hapoalim, qui domine et jouit d’un monopole dans le domaine des transferts de fonds se basant sur la saisie d’un numéro de téléphone.
Son hégémonie est telle, qu’elle tente depuis quelques années de profiter de sa force dans ce domaine et de s’étendre à d’autres domaines.
Afin de réduire l’emprise de Bit sur le marché, le ministère prévoit dans son projet de loi une clause obligeant les applications à communiquer entre elles, afin qu’il soit possible de transférer de l’argent depuis Bit à un utilisateur d’une autre application telle que Paybox ; c’est un peu comme si un client Discount retirait de l’argent via un DAB – Distributeur Automatique de Billets – de la banque Leumi.
Sur le plan théorique, une telle démarche pourrait permettre l’émergence d’autres applications de paiement au détriment de Bit, et ainsi aider à la décentralisation du marché… toutefois, il est possible qu’il soit déjà trop tard, au regard de la place de choix que s’est taillée Bit.
Autre changement notable, tandis que chez Bit, le débit de l’émetteur du virement se fait sur sa carte de crédit, et donc une fois par mois lors du prélèvement de l’intégralité des opérations réalisées par carte de crédit, le projet du ministère prévoit que le prélèvement se fasse directement sur le compte de l’émetteur et donc dès instruction du virement.